Vie en Suisse

Rencontre en terre helvète: Alexandre Attou

2 septembre 2024·Lecture 6 min.

Alexandre Attou, co-fondateur de la boulangerie "Le Pain des Frouzes" partage son parcours unique d'intégration en Suisse. Après un retour de voyage en Asie, Alexandre a choisi de s'installer à Genève pour ses opportunités économiques. Initialement frontalier, il a rapidement adopté la vie à Lausanne, malgré les défis d'intégration. Découvrez le retour d’expérience d’Alexandre et des conseils pratiques pour ceux qui souhaitent suivre ses pas.

image Rencontre en terre helvète: Alexandre Attou

« Alors moi, c'est Alexandre Attou, un des deux fondateurs du Pain des Frouzes, une boulangerie 100% vaudoise, spécialisée au levain. Je suis présent depuis une petite dizaine d'années en Suisse. »

Pourquoi avoir déménagé en Suisse?

« J'ai choisi de déménager en Suisse parce que je revenais d'un voyage de plus d'un an en Asie, et en revenant, je n’avais plus un sou. Je suis donc allé là où on était un peu mieux payé, c'est-à-dire à Genève. »

Tes premières impressions en Suisse?

« Au début, j'étais frontalier: je vivais à Annecy, je faisais donc les allers-retours à Genève. J'y allais vraiment que pour bosser. Le jour où j'ai décidé de venir sur Lausanne, j'ai choisi de vivre ici, sur place. L'intégration dans le canton de Vaud est un petit peu compliquée quand on est Français, mais rien d'insurmontable, vraiment.

La vie est chère. On ne se rend pas compte de la chance que l’on a, quand on est Français, de ne pas avoir à payer une assurance santé ou ce genre de choses. Ça, c'est un peu l'aspect négatif. Et l'aspect positif, c'est que tout est beaucoup plus facile. Entreprendre, c'est facile; on peut trouver du travail assez facilement, on est bien payé. Pour l’intégration en Suisse, tout est carré. Ce qu'il y a à faire, contrairement à la France, on le sait très vite. On nous met très vite au courant de ce qu'il faut faire et comment faire pour être bien dans les règles »

Comment s’est passé ton début de parcours en Suisse?

« J'étais déjà bien intégré quand je travaillais dans la restauration, mais c'est parce que ce sont des métiers au contact des gens, où on échange avec les gens. En fait, j'ai vite rencontré une communauté dans le milieu de la restauration dans lequel je bossais, des directeurs, des patrons qui m'ont fait confiance sur pas mal d'expériences.

À la base, j'avais choisi ce métier comme quelque chose d’alimentaire, puis au final, j'apprenais plein de trucs et ça m'a beaucoup, beaucoup plu. J'ai eu la chance de travailler avec des chefs étoilés. Ça m'a vraiment motivé à rester ici, puis à essayer de gravir les échelons, de faire des trucs qui non seulement me faisaient plaisir, mais qui me rapportaient aussi de l'argent et qui satisfaisaient un peu mes ambitions. »

Comment est née l’idée de cette boulangerie?

« J'ai toujours été un grand amateur de pain, amateur aussi des métiers de bouche et de la gastronomie. On s'est aussi très vite rendu compte que le canton de Vaud, en particulier, a un terroir incroyable. On a tout ce qu'il faut ici.

On nous a souvent appelés "les Frouzes" ici. C'est un terme qu'on ne connaissait pas du tout et qui est 100% romand, qui vient de la Suisse romande. Et en rigolant, un soir, au coin d'une table, avec mon actuel associé Julien Sabron, on se marrait en se disant qu’il faudrait qu'on ouvre une boulangerie et qu'on appelle ça "Les Frouzes", on ferait grincer des dents tout le monde. On mettrait tous les prix à un franc quatre-vingt-dix ou à deux francs soixante-dix.

On avait cette idée un peu pour se marrer. Et puis au final, c'est resté complètement de côté. Et quelques mois, années plus tard, on s'est dit: "Vas-y, viens, on se lance…" et puis on s'est lancés. »

Est-ce compliqué d’entreprendre en Suisse?

« Contrairement à la France, en Suisse, on n'a pas une tonne de démarches à faire pour pouvoir ouvrir une entreprise. Au début, on appelait tout le monde, on disait: "On aimerait ouvrir une boulangerie, on aimerait vendre du pain". Et on nous a dit: "Vendez du pain et puis après, ne vous inquiétez pas, on viendra vous voir et les choses se feront par elles-mêmes". Et ça, c'était très agréable, parce que c'est très facile d'ouvrir une entreprise en Suisse. C'est très bien fait de ce côté-là. Et puis, les législations suisses permettent de faire des choses complètement différentes de ce qu'on avait l'habitude de voir.

Aujourd’hui, la boulangerie fait vivre pratiquement huit personnes, hormis les patrons, qui ont des enfants, qui ont une vie ici, qui font plein de choses ici et qui comptent sur nous. Et je vais me faire détester encore, mais la Suisse, je trouve que c'est une meilleure école de la vie que la France. 

Tes conseils pour s’intégrer en Suisse?

« Il ne faut pas avoir peur de travailler en Suisse. C'est le principal conseil que je puisse donner, même si je ne suis personne pour donner des conseils. Je ne dis pas que les Français ne sont pas travailleurs, mais les Suisses le sont plus, beaucoup plus. Ici, on travaille minimum 42h par semaine. Les conditions sont quand même moins faciles qu'en France, mais c'est un pays incroyable. Les gens sont incroyables, on parle trois langues différentes.

Moi, vraiment, j'adore la Suisse, je ne fais pas le fayot; c'est un pays que j'aime beaucoup. Mais après, il ne faut pas penser que c'est l'eldorado. J'ai beaucoup d'amis français qui me disent: "Mais toi, c'est facile, tu travailles en Suisse !" Non, non, non, ce n'est pas facile, ce n'est pas facile du tout. On travaille un jour de plus par semaine qu'un Français moyen, c'est-à-dire qu'on travaille pratiquement une semaine de plus par mois. Donc faites le calcul sur une carrière. Un Suisse travaille beaucoup, beaucoup, beaucoup plus qu'un Français et c'est aussi pour ça qu'il est mieux payé. »

Ma vie en Suisse aurait-elle pu t’être utile à l’époque?

« C'est vrai qu'il y avait très peu d'informations à l'époque en ligne ou dans des groupes Facebook. Il y avait des choses pas vraiment officielles, donc ça manquait d'une sorte de site où toutes les informations étaient disponibles, toutes au même endroit, et où on pouvait poser les questions qu'on se posait à l'époque. »

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Isabelle Fleury, originaire de Marseille! Je vis et je travaille depuis 8 ans à Genève, au sein de Crédit Agricole next bank.