Success Story

Rencontre en terre helvète: Marieke Chatelain

27 octobre 2025·Lecture 10 min.

Pour cette nouvelle "Success Story", nous avons eu le plaisir d'échanger avec Marieke Chatelain, Chargée d’Affaires V.I.E et Communication chez Business France Suisse, mais aussi coach de course à pied et fondatrice du club RUNdez-vous.
Elle nous a raconté son parcours inspirant et partagé son expérience de vie en tant qu'expatriée en Suisse.

image Rencontre en terre helvète: Marieke Chatelain

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Marieke Chatelain. Bretonne, j’ai vécu 25 ans à l’étranger dont 17 à Amsterdam aux Pays-Bas, où j’ai pu apprendre la langue néerlandaise ainsi que prendre la double nationalité.

Je vis aujourd’hui dans le canton de Zürich depuis près de 8 ans, je suis maman de 2 grands ados.

Je suis chargée d’affaires V.I.E et Communication chez Business France Suisse et coach de course à pied.


Comment vos enfants se sont-ils acclimatés à la Suisse?

Dès notre arrivée ils ont fréquenté l’école locale. Tout est bien organisé pour aider les nouveaux élèves étrangers à s’intégrer linguistiquement.

Mon fils a suivi des cours intensifs d’allemand pendant quelques mois dans un institut à l’extérieur, pour sa part c’était difficile. Ma fille, plus jeune, a pu s’intégrer plus rapidement en apprenant l’allemand sur le tas, elle avait du soutien en allemand directement à l’école.

Si leur intégration linguistique en Hochdeutsch (allemand standard) pour suivre les cours a été facilitée, la langue parlée étant le Schweizer Deutsch, cela amenait un deuxième niveau de difficulté. L’intégration avec leurs camarades de classes et dans les activités sportives n’était pas facile au début. Le suisse allemand ne ressemble pas du tout à l’allemand.


Quelles ont été vos premières impressions en arrivant en Suisse?

La nature, encore plus belle que ce que je m’étais imaginée, les forêts, les montagnes si proches, le calme, la lumière avec des couchers de soleils extraordinaires sur le lac de Zürich. A Zürich se côtoient des gens en costume business qui déjeunent au bord du lac et des gens qui se promènent en maillot de bain. L’été c’est une sorte de station balnéaire au cœur de la ville!

Ce qui m’a frappée en vivant quelques mois dans le centre du Zürich: quand les cloches des très nombreuses églises se mettent toutes à sonner du côté de Stauffacher, ce n’est pas juste pendant quelques minutes… cela peut durer jusqu’à 20 min, et ce plusieurs fois par jour!

Passer du centre d’Amsterdam, très vivant, à un petit village proche de Zürich a été un grand changement. Le choix du calme était voulu, mais il a fallu s’y habituer, notamment de voir des rues désertes! C’était néanmoins très apaisant. Apprendre les nouveaux codes…le fameux tri des poubelles et le samedi matin où tout le village se retrouve au centre de tri!

Le plus difficile était de rencontrer et connecter avec les gens, certains jours je me sentais très seule.

Les Français parlent beaucoup et comblent parfois le vide dans les conversations, là où en Suisse alémanique on prend plus le temps d’écouter l’autre sans l’interrompre. Le silence dans les conversations est une marque de respect.


Comment s’est passé votre début de parcours en Suisse? Quelles ont été vos plus grandes difficultés et comment les avez-vous surmontées?

Quand on est la personne qui suit l’autre pour sa carrière et que l’on ne connait personne dans son nouveau pays d’accueil, il faut repartir à zéro. Riche de plusieurs années d’expériences tant en start up que dans des associations à but non lucratif dans le médical, j’étais persuadée de pouvoir retrouver rapidement un emploi similaire en Suisse. Mais cela n’a pas été facile car je ne connaissais pas les codes pour postuler et je n’avais aucun réseau.

Mes enfants ayant intégré l’école locale, je devais être à la maison pour les recevoir le midi (la pause du midi en Suisse peut durer 2 heures) et les aider à la sortie de classe pour leurs devoirs, les déposer à leurs activités etc. Certes il existe un système de cantine mais il coûte extrêmement cher. J’ai compris plus tard que de nombreuses mamans ne travaillent pas pour pallier à cela ou ont un système de rotations entre elles.

Cela a compliqué mon intégration et affecté ma recherche d’emploi, mais m’a aussi permis de rencontrer d’autres parents autour des activités sportives de mes enfants, des locaux et des étrangers.

J’ai pris des cours intensifs d’allemand dès mon arrivée pour m’y remettre. Cela m’a aussi permis de rencontrer d’autres personnes avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui.

La course à pied étant ma passion depuis plus de 15 ans; j’ai rapidement décidé d’explorer mon nouveau terrain de jeu en chaussures de running. Il existe une grande communauté sur les réseaux, et peu à peu mes contacts en virtuel se sont concrétisés par des rencontres.

Recevant régulièrement de nombreux retours sur le fait d’inspirer et de motiver les gens à courir, c’est tout naturellement que je me suis dit: pourquoi ne pas franchir le cap et concrétiser mon goût de la transmission en devenant coach.


Comment est née l’idée de ce club de running RUNdez-vous? Le club a-t-il contribué à renforcer votre intégration sociale et celles d’autres expatriés?

Courir m’aide à améliorer mon bien-être physique et mental; la course à pied m’a été d’une aide cruciale lors d’événements difficiles de ma vie et partager cette passion est très précieux. Je faisais déjà partie d’une communauté de running aux Pays-Bas, et j’ai donc continué à partager, sur Instagram, mes sorties et mes impressions sur le pays, mes sorties exploratives en baskets etc. C’est comme cela qu’a germé dans ma tête l’idée de connecter avec les gens à travers la course à pied, pour leur apporter également une forme de bien-être, les encourager à se dépasser, mais je ne savais pas encore sous quelle forme.

J’ai rencontré un ancien athlète modérateur d’événements sportifs qui m’a parlé des formations pour adultes de Swiss Athletics pour devenir entraîneur. L’avantage linguistique en Suisse c’est que j’ai pu suivre certaines formations en allemand et d’autres en français. A présent je devais me différencier des autres coaches en cherchant une niche. 

C’est alors que j’ai eu l’idée combiner ma formation de professeur de français langue étrangère (FLE) à la course à pied, en développant un concept unique et novateur: pratiquer le français tout en courant! Courir à basse intensité permet d’avoir assez de souffle pour parler et le mouvement libère la parole. Finies les excuses pour ne pas faire de sport ou ne pas pratiquer son français!

Peu à peu je me suis fait connaître; la singularité de mon activité a attiré l’attention et j’ai pu accompagner de plus en plus de clients, expatriés et locaux. Comme je suis en mesure de donner des cours en 4 langues, cela me permet d’avoir un public assez large.

Mes RUNdez-vous sont devenus exactement ce que je souhaitais en choisissant ce nom: une activité récurrente qui a toute sa place dans notre agenda et qui crée du lien.

A ce jour j’ai coaché plus de 165 personnes de plus de 33 nationalités, et ma plus grande fierté est de voir les runners qui reviennent, certains depuis le début, pour assister à mes entrainements, ou mon coaching en ligne.


Avez-vous un moment fort ou une anecdote marquante vécues grâce à votre club?

Mon premier client en coaching 1-1 était de nationalité belge qui arrivait de Finlande, je lui donnais un cours en néerlandais, en Suisse!

J’ai aussi pris conscience du bien-être physique et mental que mes RDV procuraient lorsque l’un de mes coachés m’a confié à quel point la régularité des séances l’avait aidé psychologiquement. Cela m’a conforté dans le choix de mon approche, centrée autour du plaisir et bien-être et pas de la performance à tout prix. Un club axé sur la bienveillance, pour progresser sans se blesser.

Un autre moment fort était lorsque Leanne Levitt (athlète Ironman et personal trainer) qui sortait d’un grave cancer des os avec une tumeur géante au fémur a réussi à courir son premier 5 km post cancer lors de la Sarcoma Strong Run, une course pour éveiller les consciences sur ce type de cancer. J’ai couru à ses côtés, l’ai encouragée, l’ai vue se battre pour y arriver. Une grande inspiration, respect et reconnaissance qu’elle se soit confiée à moi pour la guider dans sa préparation.


Quels sont vos projets pour la suite de RUNdez-vous?

RUNdez-vous est désormais ma deuxième activité à côté d’un emploi à temps plein.

Je donne un entrainement en petit groupe tous les samedis matin à Zürich où ma communauté se retrouve et j’accueille régulièrement de nouveaux runners (pouvant courir 30 minutes sans problème). Je continue aussi d’accompagner quelques sportifs qui souhaitent se lancer dans des courses de performance comme les semi-marathons ou les marathons, mais je dois veiller à trouver mon équilibre et garder un peu de temps pour ma propre pratique sportive et mon repos.


Le site Ma vie en Suisse aurait-il pu vous être utile à l’époque de votre intégration? Quels sont les conseils que vous donneriez pour s’intégrer en Suisse?

Ma vie en Suisse c’est sûr que c’est très intéressant, notamment pour faire connaître les coutumes, la richesse culturelle de la Suisse, et faire prendre conscience que ce n’est pas une petite France. Les informations qui se trouvent sur la plateforme sur l’emploi, les retraites, les bons plans sont d’une grande richesse. Pas seulement pour ceux qui souhaitent venir en Suisse, mais aussi pour ceux qui comme moi, y vivent car le site partage des explications très claires et de nombreuses astuces!

Si j’avais un conseil, en tant que Française résidente en Suisse alémanique, c’est de bien comprendre et respecter scrupuleusement les procédures: la ponctualité, les feux rouges, laisser du temps et des blancs dans les conversations, utiliser un style courtois et formel en utilisant les formules de politesse d’usage, et apprendre l’allemand.

Enfin, ne restez pas seuls, rejoignez rapidement une communauté qui partage vos centres d’intérêt et osez sortir de votre zone de confort. Un club de running, par exemple, est aussi un moyen de rencontrer du monde tout en bougeant.

Contact

Pour contacter Marieke: info@rundezvous.ch
Lien vers son site: RUNdez-vous
Sur LinkedIn:  Marieke Chatelain 🔹 Business France Suisse | LinkedIn et sa page récemment créée RUNdez-vous

(Sur Instagram Marieke Chatelain (@rundez_vous) • Photos et vidéos Instagram et Marieke Chatelain (@run_lady_gazelle) • Photos et vidéos Instagram)

Crédit photo: Carmen Sirboiu

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