Travailler en Suisse et vivre en France
Une rémunération plus élevée, un taux de chômage bas et un besoin de main d’œuvre croissant motivent les Français à travailler en Suisse. Fin 20231, la Suisse comptait environ 391’000 frontaliers dont 56% (220'000) résidaient en France.
Grâce aux accords bilatéraux passés entre l’Union Européenne et la Suisse, notamment l'Accord de Libre Circulation des Personnes (ALCP), il est possible pour les français de travailler en Suisse et de bénéficier du statut de frontalier.
Pour obtenir votre permis de travail suisse, vous ou votre employeur devez faire une demande à l’Office Cantonale de la Population et des Migrations (OPCM) du canton dans lequel se situe votre employeur et présenter un contrat de travail. En tant que travailleur frontalier, vous recevrez le permis G, valide 5 ans pour un CDI ou un CDD de plus d’un an. Par la suite, il est tout à fait possible de changer d’entreprise et / ou de canton, il faudra simplement en informer l’Office Cantonale de la Population pour mettre à jour votre permis de travail.
Résider en Suisse
La Suisse est un pays stable, neutre, dont la réputation internationale permet d’envisager une expatriation épanouissante. Paysage de carte postale, villes cosmopolites, marché du travail dynamique, la Suisse séduit les travailleurs du monde entier.
Pour s’y installer, il est nécessaire de trouver un emploi et d’obtenir un permis de séjour (permis B ou C). On peut vivre sur le territoire moins de 3 mois avec une autorisation pour touriste.
Si le coût de la vie en Suisse est l’un des plus élevés d’Europe, cette réalité va de pair avec des niveaux de salaires élevés.
Salaire moyen suisse2: CHF 65'856 /an (68'826 €), CHF 5’488 /mois (5’734 €).
La proposition de salaire de votre employeur aura donc une influence sur le choix de votre lieu de vie et de votre statut.
Coût de la vie : Résident vs Frontalier
La Suisse se classe 2e sur le podium des pays où le coût de la vie est le plus élevé. La France arrive quant à elle, loin derrière, à la 20e place3.
Concrètement, on observe que les prix sont plus élevés en Suisse:
- Denrées alimentaires: +54%
- Vêtements: +30%
- Logement et énergie: +81%
- Transport: +17%
C’est surtout la santé et l’enseignement qui explosent les compteurs avec une différence de:
- +134% sur la santé
- +178% sur l’enseignement
Ces chiffres basés sur les moyennes nationales sont à nuancer. Pénurie de logement en Suisse et engouement pour le travail frontalier font des zones frontalières des zones très prisées où les prix du logement, des loisirs, et des produits de consommation en général, sont élevés.
En 2022, le rapport Comparis montre que les loyers medians, pour un appartement de 4,5 pièces s’élèvent à:
- CHF 3'800.- à Genève
- CHF 2'600.- à Bâle
- CHF 3'100.- à Lausanne
- CHF 4'000.- à Zurich
En comparaison, selon le prix moyen de la location au mètre carré issu de la plateforme française Se Loger, voici les loyers auxquels on peut s’attendre en zone frontalière pour un appartement équivalent de 110m2 aux loyers suivants:
- 2’320 € à Viry, Haute-Savoie
- 1’870 € à Annemasse, Haute-Savoie
- 1’760 € à Hégenheim, Haut-Rhin
Emploi et chômage: Résident vs Frontalier
Aujourd’hui, la Suisse enregistre un taux de chômage inférieur à 2.3%. Le marché du travail en Suisse, particulièrement dynamique, offre de belles opportunités aux travailleurs étrangers. Afin de travailler en Suisse, que votre souhait soit de résider en Suisse ou à la frontière, un permis de travail / séjour est nécessaire. Première condition? Trouver une entreprise prête à vous embaucher!
Permis de séjour / travail
Que vous choisissiez d’être frontalier (permis G) ou de vivre en Suisse (permis B / C), le nombre de permis délivrés aux citoyennes et citoyens de l’UE/AELE n’est pas limité. En revanche, certaines entreprises et domaines d’activité peuvent vous demander de résider en Suisse, vous le verrez d’ailleurs dans certaines offres d’emploi.
Chômage
Le droit du travail en Suisse est plus libéral qu’en France. L’employeur peut licencier un salarié de manière assez abrupte, sans en justifier un motif spécifique, ni payer d'indemnité. Si vous résidez en Suisse et que vous y avez travaillé plus de 12 mois au cours des 2 dernières années, en principe, vous pouvez rester en Suisse pour y trouver un nouvel emploi. Il vous suffit de demander une autorisation pour chercheur d’emploi auprès des services cantonaux compétents. Bonne nouvelle, le temps pour retrouver un emploi est néanmoins très court. Il était estimé à moins de 6 mois en 2022 (contre 10.6 mois en France).
Par ailleurs, les français qui travaillent en Suisse peuvent bénéficier du chômage en France. Les indemnités, 57% pour un salaire supérieur à 2’154 €, sont moins élevées qu’en Suisse , mais plus longue.
Transport: Résident vs Frontalier
D’un côté ou de l’autre de la frontière, les amoureux de la nature auront de quoi faire le plein de découvertes. Ce qui peut néanmoins créer une vraie différence, c’est le temps de trajet pour se rendre au travail. Voiture, métro, tram, vélo, bateau… En Suisse, les options sont plus nombreuses. Par ailleurs, le télétravail est plus encadré pour les travailleurs frontaliers.
Un frontalier, s’il choisit de s'éloigner de la frontière pour accéder à un logement moins cher, passera plus de temps dans les transports. Trafic, péage, attente à la douane, consommation de carburant peuvent conduire à une accumulation de fatigue et surtout moins de temps pour soi.
- 52% des frontaliers travaillent à plus de 30 km de leur domicile
- 44% mettent plus de 45 minutes
- 46% n’empruntent pas l’autoroute4
Une personne qui vit à Annecy, travaille à Genève, et fait ses trajets en voiture chaque jour, doit prévoir en moyenne entre 400 € et 500 € par mois pour l’essence et le péage. L’écart entre les loyers en Suisse et en zone frontalière peut se réduire drastiquement lorsque tous ces coûts sont pris en compte.
Éducation et allocations: Résident vs Frontalier
Si vous décidez de vivre en Suisse, vos enfants pourront être scolarisés au sein d’une école publique ou d’une école privée en Suisse. Tout comme en France, l’école publique est obligatoire et gratuite. Si vous arrivez en cours d’année, il vous faudra l’inscrire dans les trois jours suivant votre arrivée. Un processus d’évaluation des acquis est souvent mis en place pour déterminer la classe que votre enfant pourra rejoindre. L’accent est mis pour favoriser l’intégration des enfants issus de l’immigration, des cours de langues destinés aux écoliers de langue étrangère sont notamment dispensés au sein de tous les cantons.
Au-delà de l’école publique, il existe également des écoles privées internationales ou françaises.
Pour en savoir plus sur le système scolaire en Suisse, consultez notre guide Préparer l’arrivée de votre enfant en Suisse et son entrée à l’école.
Si vous préférez vivre en France, votre enfant continuera à suivre sa scolarité en France. Il lui est possible d’accéder aux établissements suisses (sous certaines conditions). Aucun visa n’est nécessaire. Certaines autorités suisses imposent un test de langue pour vérifier la capacité de votre enfant à suivre les cours universitaires en Suisse par exemple.
Frontaliers et résidents ont droit aux allocations familiales qui sont comprises entre CHF 200.- et CHF 250.-. Il s’agit d’un montant minimum, certains cantons, tels que Genève, Vaud, Zoug, ou encore Berne, attribuent des allocations plus élevées.
Fiscalité : Résident vs Frontalier
En Suisse, en général, les résidents bénéficiaires d’un permis de séjour B sont également prélevés à la source. Les expatriés en suisse titulaires d’un permis C (résidant en Suisse depuis plus de 5 ans révolus) sont soumis à l’imposition ordinaire (et non plus à la source), peuvent déduire leurs frais effectifs et remplissent leur déclaration fiscale une fois par an.
Les travailleurs frontaliers ayant leur résidence principale en France doivent déclarer leurs revenus en France, avec des particularités selon le canton de travail.
Pour les frontaliers salariés travaillant dans les cantons de Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Berne, Vaud, Valais, Neuchâtel, Soleure et Jura: vous devez payer et déclarer votre impôt sur le revenu en France, sans prélèvement à la source en Suisse (hormis certaines exceptions dépendant des cantons et de cas particuliers comme le personnel navigant).
Pour les frontaliers salariés travaillant dans les cantons de Genève, Argovie et Zurich: votre impôt sur le revenu est prélevé à la source en Suisse et déclaré en France.
Depuis 2010, le canton de Genève offre aux frontaliers la possibilité d’opter pour une déclaration aux frais réels, grâce au statut de quasi-résident. Pour en bénéficier, 90% des revenus du foyer (incluant les salaires, les revenus mobiliers et immobiliers) doivent provenir et être imposés sur le territoire suisse. Ainsi, vous pouvez déduire vos frais effectifs: frais kilométriques, frais de repas, intérêts d’emprunt, pension alimentaire...
Assurance Maladie et accès aux soins en Suisse
En tant que frontalier, vous pouvez choisir de bénéficier des soins en Suisse et/ou en France. Si vous êtes résident, vous bénéficiez des soins uniquement en Suisse (à l'exception des urgences ou de certaines assurances maladies qui incluent les prestations à l'étranger). La cotisation n’est pas la même que vous soyez frontalier ou résident, elle peut être plus élevée pour les résidents.
Le cas des expatriés résidents
En tant qu’expatrié, vous avez le statut de résident en Suisse et devez obligatoirement souscrire une assurance-maladie de base délivrée par une caisse maladie et encadrée par la LAMal dans les 3 mois après votre arrivée. Il faut compter entre CHF 390.- et CHF 750.- par mois (avec une franchise pouvant aller jusqu'à CHF 2'500.- par an) pour une personne célibataire à Genève par exemple.
Contrairement aux frontaliers, la LAMal prend en charge uniquement vos frais médicaux en Suisse. Vous avez la possibilité de vous faire soigner en France, mais les frais ne seront pas pris en charge.
Pour comprendre ce qui fait varier cette prime et bénéficier de conseils pour choisir votre assurance de base, rendez-vous sur notre guide Comment fonctionne le système de santé suisse?
Le cas des travailleurs frontaliers
Les travailleurs frontaliers peuvent choisir entre s’affilier au système suisse, en souscrivant à l’assurance-maladie suisse (LAMal) ou bénéficier de la sécurité sociale française (CMU). Il s’agit du droit d’option. Il doit être formulé auprès du service cantonal suisse dans les 3 mois suivant la prise d'activité professionnelle en Suisse. Passé ce délai, vous serez affiliées d'office en Suisse (LAMal). Les cotisations à la LAMal sont fixes, CHF 189.80 en 2024. Pour vos soins en Suisse, vous avez une franchise annuelle fixe de CHF 300.-, ainsi qu’une quote-part de 10% par facture (max. CHF 700.- par an).
Si vous choisissez le système d'assurance maladie suisse, vous pouvez vous faire soigner en Suisse ou en France, tous vos soins de santé seront remboursés. Pour que vos soins réalisés en France soient pris en charge, vous devrez remplir le document portable S1 « Inscription en vue de bénéficier des prestations de l'assurance maladie » et le présenter à la CPAM de votre lieu de résidence.
Si vous choisissez d'être affilié à l'assurance maladie française, ou CMU, vos soins seront pris en charge par le système français contre paiement d’une cotisation. La CMU prend en charge uniquement les soins réalisés en France.
Le choix entre l’affiliation au système français ou suisse dépend de votre situation personnelle. Les cotisations à la CMU sont basées sur le revenu et peuvent s’avérer très élevées (environ 8% du revenu fiscal de référence). Vous pouvez estimer le montant de votre cotisation grâce au simulateur pour frontaliers suisses de l’URSSAF.
Bon à savoir
Le droit d'option ne peut s'exercer qu'une seule fois et il est irrévocable (sauf conditions particulières).
1. Frontaliers étrangers selon Canton de travail, Pays de résidence, Sexe et Trimestre 2. OFS 3. OCDE 4. Observatoire des frontaliers 2022 – Crédit agricole
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